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Souvenirs de guerre 1914-1918
de Théodore Gustave Chopplet

Le 28 juin 1914, l'archiduc héritier d'Autriche, François-Ferdinand, est assassiné à Sarajevo (Bosnie) par un étudiant bosniaque, Gavrilo Princip.
L'autriche rend la Serbie responsable de cet attentat. Les tentatives de médiation françaises et britanniques sont
écartées par l'Autriche et l'Allemagne. Malgré la soumission de la Serbie, l'Autriche lui déclare la guerre le 28 juillet 1914.

Le 30 juillet, la mobilisation est générale en Russie et en Autriche.
Le lendemain, 31 juillet, l'Allemagne proclame l'état de guerre et lance un ultimatum à la Russie et à la France. Le même jour, Jaurès est assassiné.
Samedi 1er août, l
'Allemagne déclare la guerre à la Russie et pénètre au Grand-Duché du Luxembourg.


17 heures. Il pleut à Illy. Soudain, on tend l'oreille : le tocsin sonne à Sedan. Les cloches d'Illy et des des villages voisins prennent le relais. Inutile de parler, de commenter. Tout le monde comprend, tout le monde sait : la guerre est là !
Le garde-champêtre affiche l'ordre de mobilisation générale sur le mur de la mairie.
Gustave CHOPPLET, 26 ans, est le père d'un enfant de 2 ans. Douanier à la Brigade d'Illy (F08), il est mobilisé le 2 août au 5ème bataillon de douaniers, 2ème Compagnie, 10ème escouade.

Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le 4 août, les Allemands entrent en Belgique et lui déclarent la guerre. Le même jour, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l'Allemagne. Le 5 août, l'Autriche déclare la guerre à la Russie.

Le 24 août 1914, l'évacuation d'une partie de la population était en cours et il y avait un poste de surveillance au Pont Saint-Vincent. La bataille pour s'emparer de Sedan et de la Meuse dura deux jours (25 et 26 août), mais la 4ème armée française, qui avait devant elle la 4ème armée allemande du duc de Wurtemberg, exécuta un ordre de repli, dans la nuit du 28 au 29 août, sur l'Aisne et laissa la place à l'ennemi qui prit possession de Sedan.

Le 5ème bataillon des douaniers était affecté au service de Prévôté dans le secteur anglais, où il était chargé de missions de police générale et judiciaire. A partir de décembre 1914, la base de travail du bataillon était la région de Ailly-sur-Noye (15 km à l'ouest de Péronne), Capy, Fontaine-lès-Capy. Et, en avril 1915, Canly (17 km au sud-ouest de Compiègne), Senlis (30 km au sud-est de Compiègne), Royalieu (5 km au sud de Compiègne).

Le 24 décembre 1915, le bataillon de douaniers est dissous et Gustave CHOPPLET est affecté au 36ème régiment d'Infanterie (commandé par le Lieutenant-Colonel Jèze), 2ème bataillon, 5ème compagnie. Il est caporal.


Ce régiment, formé à Caen, se reconstitue après les durs combats qu'il a soutenus depuis la déclaration de guerre : Charleroi, la Marne, l'Artois, la Somme. Les unités, en attente des renforts nécessaires, sont à l'instruction.
Fin décembre, il occupe le secteur de Dampierre-Fay, bombardé continuellement par l'artillerie ennemie (la défense s'organise dans la boue), Becquincourt (12 km à l'ouest de Péronne), Proyart.
Début février 1916, le 36ème R.I. se trouve à Frise et doit réagir violemment aux attaques ennemies.
Du 15 février au 16 mars 1916, le régiment, après un court séjour aux environs d'Amiens, effectue, selon les besoins de soutien, des combats, des marches dans la neige, et se déplace à Briquemesnil (18 km à l'ouest d'Amiens, sur la route de Molliens à Amiens), la Neuville-Saint-Pierre (entre Breteuil et Beauvais, à 15 km au nord-est de Beauvais), Lieuvillers (10 km au sud-est de Saint-Just-en-Chaussée), Rouvilliers (15 km à l'ouest de Compiègne, près de Clermont-Oise), Hémévilliers (15 km au nord-ouest de Compiègne).
Le 36 R.I. se trouve ensuite dans la région nord de Compiègne, Thourotte (8 km au nord de Compiègne), Mélicocq, Chevincourt, Elincourt.

Le 26 mars 1916, le régiment est rappelé en arrière et, le 28 mars, s'embarque en chemin de fer pour la région de Verdun.
Descendus à Sainte-Ménéhould, les bataillons s'en vont, par étapes, à Béthancourt et Villers-le-Sec (dans la Haute-Marne, à l'ouest de Revigny-sur-Ornain).

Le 2 avril 1916, des camions arrivent dans la nuit et transportent le 36ème bataillon au Fort de Regret (Verdun) : il va, en partie, en réserve, à la caserne Belveau, au Faubourg Pavé, ainsi qu'au Fort de Souville. La route suivie est ce que l'on appellera plus tard, après la guerre, la Voie sacrée...
Les nerfs sont mis à rude épreuve : partout alentour, c'est la canonnade effroyable des batteries allemandes, auxquelles répondent les nôtres... Le 36ème R.I. fait partie, maintenant, de la 5ème Armée (Général Franchet d'Espéry), 3ème Corps d'Armée (Général Nivelle), 5ème Division d'Infanterie (Général Mangin), cette Division comprend la 9ème Brigade (74 et 274ème R.I.) et la 10ème Brigade (36 et 129ème R.I.).

Le lendemain, 3 avril 1916, les 1er et 2ème Bataillons du 36ème R.I. vont reprendre la partie du Ravin de La Caillette (entre Souville et Douaumont), où les Allemands étaient entrés la veille. Le 3ème Bataillon reste en réserve aux carrières de Vaux-Chapître. Le but à atteindre était le Fort de Douaumont.

Le 4 avril 1916, l'ennemi s'empare de la Tranchée de Morchée et pénètre au centre des saillants que forment les lignes françaises, au sud du Fort de Douaumont et dans le Bois de La Caillette. Une brèche profonde est ouverte dans le dispositif de la Division et la 3ème Brigade est dirigée, par le Génaral Nachant, sur le Fort de Souville. Tout le secteur est sous un violent bombardement par des canons allemands tirant des 150 et 210. L'ennemi utilise aussi le lance-flammes...


Les 8 et 9 avril 1916, le 36ème R.I. et le 129 R.I. attaquent concentriquement les tranchées Couderc et Morchée, prenant pied dans la première et y restant, tandis qu'ils progressent dans la 2ème.

Le 10 avril 1916, à 4 heures du matin, martellement intense des premières lignes de la Division, martellement allant croissant d'heure en heure. Vers 14 heures, le bombardement redouble par des arrivées de torpilles de gros calibre, qui écrasent les lignes.

Le 11 avril 1916, sur le front du 36ème R.I., dans le Ravin de La Caillette, plusieurs Compagnies lâchent pied devant les masses allemandes qui se ruent à l'assaut. Puis, après intervention des mitrailleuses du 74ème R.I., l'ennemi, pris de flanc, hésite puis fléchit. Les hommes du 36ème R.I. se ressaississent alors, bousculent l'ennemi et reprennent le terrain perdu.

Dans la nuit du 13 au 14 avril 1916, la 4ème Division (celle d'Auguste Liégeois, avant qu'il ne soit fait prisonnier...) commence la relève de la 5ème Division.

La journée du 14 est plus calme. Les combats à la grenade continuent cependant, à l'ouest de l'intersection de la tranchée de Morchée et du boyau Vigoureux.  Le pilonage du Fort de Vaux et de ses abords continue sans interruption : des 210, 305, 380 s'abattent avec une régularité et une précision mathématiques.
L'attaque pour le Fort de Douaumont a lieu à 18 heures 30. A gauche, les éléments du 120ème R.I. prenant pied dans le Boyau Hans où ils cueuillent 28 prisonniers ; au centre, le 36ème R.I. partant des tranchées de l'Auteville et Disant. Un fortin ennemi arrête la progression, trois fois les hommes se lancent en avant, trois fois ils sont repoussés par l'ennemi.
Enfin, une tranchée est prise, et, de son côté, le Commandant Royé du 2ème Bataillon du 36ème R.I. voit le succès récompenser ses hommes. 200 Allemands ont été faits prisonniers vers 21 heures. Un combat continuel à la grenade se poursuit dans les tranchées bétonnées de l'adversaire, alors que des tirs de flanc des mitrailleuses et que des obus de gros calibres s'abattent sur les vagues d'assaut.
Le 36ème R.I. doit revenir aux tranchées françaises, le 15 avril.

Gustave CHOPPLET, blessé par éclats d'obus et balles, reste sur le terrain à égale distance des lignes française et allemande. Le lendemain, au petit jour, ce sont des brancardiers allemands qui sont venus le secourir.

Deux soldats de sa Compagnie, Anicet ARNAL et Louis LLOVERAS ont, après guerre, apporté leur témoignage : "Après avoir pris trois tranchées allemandes et fait des prisonniers, nous reçument l'ordre d'évacuer une de celles-ci pour éviter un encerclement de l'ennemi qui venait de contre-attaquer. J'ai vu tomber mon caporal d'escouade, blessé grièvement au côté droit et bras droit, par éclats d'obus et grenades. Il nous fut impossible de le transporter, l'unité avait reçu l'ordre de se porter sur la droite pour renforcer le secteur."


Gustave CHOPPLET (que ses petits-enfants appelleront plus tard 'Pépé Moustache') était donc fait prisonnier le 15 avril 1916. Ayant reçu sur place les premiers soins, le 17 avril, il a été transporté à l'hôpital allemand de Pierrepont (Meurthe-et-Moselle) qui était installé dans la Halle aux draps.
Puis, le 6 mai 1916, il fut envoyé à l'hôpital de Bolz Erfurt, et, le 10 août 1916, à celui d'Ohrdruf.
Considéré à cette date comme guéri, il a été emmené au Camp de Langensalza (photo ci-contre) et a travaillé quelque peu en ferme pour essayer d'obtenir un peu de nourriture supplémentaire.

Il a été libéré le 23 janvier 1919 (armistice, le 11 novembre 1918. Traité de paix, le 28 juin 1919).

Médaille d'honneur des douanes
Il a reçu la Médaille militaire, la Médaille de Verdun (inscrit sous le numéro 54216 dans le Livre d'or du monument de la Victoire à Verdun), la Médaille des blessés, la Médaille commémorative interalliée dite Médaille de la Victoire, la Croix du Combattant, la Médaille d'Honneur des douanes et la Médaille de l'Union nationale des Combattants.


Croix du combattant



Son frère Amour CHOPPLET, Maréchal des logis au 8ème régiment d'artillerie de campagne (hippomobile), en garnison avant guerre à Nancy, a été tué à Laversine (Aisne) le 15 août 1918, la poitrine déchiquetée par des éclats d'obus, lors d'un bombardement visant la colonne de ravitaillement en munitions qu'il commandait.
Il avait 28 ans. Il devait épouser Marguerite, sa fiancée, au retour de la guerre...
Il a été décoré de la Croix de Guerre et de la Médaille militaire.
Il est inhumé au cimetière d'Harcy (F08), son village natal.


Le 8ème régiment d'artillerie était le 20 août 1914 à Morhange (Moselle), le 9 septembre à Vitrimont, en novembre dans les Flandres, en mai 1915 dans l'Artois, en septembre 1915 en Champagne, puis aux Buttes et à Bois-du-Mesnil, en 1916 à Malancourt, Hautcourt, côte 304, Curlu, Hudecourt, en avril 1917 au chemin des Dames (Aisne), le 28 juin 1918 à Cutry, le 18 juillet 1918 au plateau de Pernant, Nazareth et Laversine.

 

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© Lucile Houdinet - 2004